Ô ! vision enchanteresse... Leurs branches délicates et colorées, vibrant silencieusement au rythme des courants, gardiennes ancestrales des récifs, abritant une vie foisonnante et fragile... Quelles soit pourpre, sarmenteuse, éventai ou autres, les gorgones m'ont toujours fait rêver. Les évènements climatiques de ces dernières années ont, entre autres, fortement impactés les nombreuses colonies méditerranéennes. Par endroit, selon certaines sources, près de 70% de la population ont été touchés par une vague de mortalité.

En plus des évènements climatiques, une autre problématique sévit en méditerranée : "L'algue barbe à papa". Rien à voir avec ces petites créatures débonnaires et sympathiques de dessins animés des années 70... Sont nom vernaculaire (usuel) est "Algues brunes filamenteuses". Ces algues recouvrent tout ou partie du paysage sous-marin et peuvent causer de gros dommages aux organismes sessiles (fixés). Les plus impactés sont notamment les suspensivores et les filtreurs qu’elles recouvrent car ils n’ont plus accès à leur nourriture. Si le phénomène perdure, les dégâts peuvent être létaux. "Acinetospora crinita", l’espèce de loin la plus fréquente, se développe au printemps et en été principalement, en mode calme, dans les habitats rocheux de l’infralittoral* et du circalittoral* et sur les herbiers de posidonie. Elle peut aussi se développer à des profondeurs plus importantes. Elle disparaît à partir de septembre.

Source D.O.R.I.S. et FFESSM 2A

Fantomatiques gorgones

J'ai pris cette photo en début d'été 2019, au pied sud du lion de mer, face à Fréjus. Ce voile cotonneux sur cette jolie gorgone pourpre m'a interpelé par son charactère fantomatique et inquiétant. Le substrat en était recouvert sur tout le versant. Les ramifications peuvent former des touffes épaisses, pouvant atteindre plusieurs mètres de longueur...

Les facteurs de déclenchement du bloom sont à priori énigmatiques et sont sujets à discussion, mais il semblerait que trois facteurs soient déterminants pour leur développement : la lumière, la disponibilité en nutriments (quantité de phosphates et matières azotées), et la température. Cette prolifération apparait au printemps pour disparaitre en fin d'été...

Ce phénomène me fait tout de même penser à ce qui touche la Manche depuis plus de 50 ans. Les locaux auront compris, je veux parler des algues vertes. Les causes de cette pollution ont été étudiées, sont clairement identifiés et paraissent tout de même relativement proches. Mis à part le fait que c'est vert et en surface d'un côté ou brun et et au fond de l'autre, ces pollutions sont bien présentes et posent problèmes. Le temps nous dira ce qu'il aura été fait pour endiguer ces phénomènes...

YQ, le 8/11/202